Elections 2000: Bush v. Gore. Facteur X: Database Technologies
Le
12 décembre 2017, il s'agissait du 17ème anniversaire de
la victoire du président George W. Bush, alors festoyons avec un
article. Les médias ont été plutôt clément à l'égard des
États-Unis en comparaison du traitement médiatique réservé aux
élections régionales vénézuéliennes qui ont fait les choux gras
des médias en 2017. Retour en arrière...
Un
événement hors contexte est comme un enfant sans parent, il est
orphelin, en quête d'identité pour donner un sens à son existence.
Il n'est qu'un détail, une tâche de peinture sur la toile que le
critique d'art analyse en la resituant dans sa perspective et son
ensemble. Les élections présidentielles américaines 2000 ne
dérogent pas à ce principe. Elles ont été un prélude à la mise
en place de la doctrine Bush initiée par son père lors d'un fameux
discours le 11 septembre 1990, en pleine guerre du Golfe. Les
attentats du 11 septembre 2001 ne peuvent être appréhendés sans
mettre en perspective la prise de pouvoir aux forceps de George W.
Bush.
L'élection
présidentielle américaine, millésime 2000, exhale encore des
relents de coup d'état. Cette élection restera sans nul doute dans
les annales américaines, ceci pour plusieurs raisons. D'une part, le
montant exorbitant dont ont bénéficié les deux principaux
protagonistes pour financer leur campagne, écartant ainsi toute
opposition. D'autre part, les circonstances tout à fait uniques qui
ont abouties à l'élection du nouveau Président des États-Unis Et,
enfin, l'identité du nouveau président, membre de la dynastie Bush,
qui a arraché les rennes du pouvoir aux mains de la démocratie
américaine, le dyslexique George W. Bush.
La
famille Bush a côtoyé les plus puissants hommes de l'establishment
américain et de la planète, Rockefeller, Harriman, Nixon, Ford ou
Reagan, tout en montant au front, en première ligne sous les feux de
l'ennemi. Un comportement que rechignait à adopter les Rockefeller,
déjà suffisamment sous les feux des projecteurs à Wall Street.
Seul Nelson Rockefeller, après avoir été appelé par Gérald Ford
à l'époque du Watergate, à accepter d'exercer la haute fonction de
vice-président des États-Unis dans les années 1970. Le Watergate
et l'assassinat de J.F.K ont été des événements catalyseurs ayant
entraîné un changement de pouvoir et de politique, pas seulement
aux États-Unis mais aussi dans le monde entier. Un coup d'état
dissimulé par une opération clandestine comme celle régulièrement
menée par les services secrets américains depuis leur création. La
prise de pouvoir de W. Bush a permis de faire un énorme pas en
direction de l'instauration d'un nouvel ordre mondial via la doctrine
Bush. Une guerre totale,
sans fin, contre tous les
opposants « terroristes »
à la puissance américaine.
Après
plus d'un mois d'incertitudes et de batailles juridiques, le dernier
acte de ce scénario croquignolesque s'est déroulé à la Cour
Suprême des États-Unis Le pays de l'oncle Sam s'est toujours
gargarisé d'être l'incarnation parfaite de la démocratie malgré
un système d'élection archaïque au suffrage universel indirect.
Pourtant, l'année 2000 a été le théâtre d'une véritable crise
démocratique. La voix du peuple américain a été pris en otage
puis réduite au silence puisque ce sont des magistrats à travers la
Cour Suprême des États-Unis qui ont désigné George W. Bush comme
nouveau président.
Le
système démocratique américain fonctionne selon le principe du
suffrage universel indirect, ce sont donc les Grands électeurs
qui désignent le nouveau président des États-Unis Le collège
électoral américain est composé de députés, leur nombre est
proportionnel à la population de chaque état, et de sénateurs,
deux par état. Les députés et les sénateurs américains se
réunissent au sein du Congrès américain comme le font nos
politiciens à l'Assemblée Nationale. En 2000 le Congrès américain
dénombrait 538 membres, soit 438 députés pour 100 sénateurs. Pour
être élu au mois de novembre 2000, les candidats Bush et Gore
devaient obtenir la majorité parmi 270 Grands électeurs. Tous les
10 ans ces chiffres sont mis à jour via un recensement de la
population américaine. Ainsi le vote du peuple américain s'effectue
par procuration à travers les Grands électeurs comme si en France
notre président était élu par le Parlement français, non par le
peuple.
Lors
des élections présidentielles, la population américaine vote dans
les 50 états, auxquels nous ajoutons la capitale fédérale :
Washington D.C. En conséquence, plus la population d'un état est
importante, plus le nombre des Grands électeurs sera élevé et plus
les meetings des candidats seront nombreux. La majorité relative
suffit à rafler la totalité des Grands électeurs attribués à un
état. La logique est simple afin de remporter les présidentielles
aux États-Unis, il est souhaitable de finir en tête des états à
forte densité démographique pour obtenir un maximum de Grands
électeurs plutôt qu'un état moins peuplé car le nombre de Grands
électeurs sera inférieur. Un candidat peut ainsi remporter les
élections présidentielles sans avoir obtenu la majorité populaire
mais ayant seulement remporté les 11 états les plus peuplés parmi
les 50 états américains ! C'est exactement ce qui s'est
déroulé pour W. Bush. Lors de cette élection, les états clés
étaient les suivants :
- Californie : 54 Grands électeurs.
- New York : 33 Grands électeurs.
- Texas : 32 Grands électeurs.
- Floride : 25 Grands électeurs.
- Pennsylvanie : 23 Grands électeurs.
- Illinois : 22 Grands électeurs.
- Ohio : 21 Grands électeurs.
- Michigan : 18 Grands électeurs.
- New Jersey : 15 Grands électeurs.
- Caroline du Nord : 14 Grands électeurs.
- Georgie ou Virginie : 13 Grands électeurs.
En
observant ces chiffres, et sans être un grand stratège politique,
chacun comprendra qu'il est plus prolifique de faire campagne dans
les états de Californie, New York, Texas ou encore de la Floride
plutôt que dans le Vermont, le Montana, le Wyoming ou l'Alaska.
Ces
élections ont opposé le candidat démocrate sortant Al Gore, ancien
vice-président de Bill Clinton durant 8 années, au candidat
républicain George W. Bush, ex-gouverneur du Texas. Il est
anecdotique d'évoquer les autres candidats, uniquement présents
pour créer l'illusion d'une adversité à l'instar du mirage
démocratique américain. W. Bush avait un budget colossal de
campagne provenant d'entreprises du secteur industriel, militaire,
pharmaceutique, pétrolier, financier ou de donateurs privés. L'une
d'entre elles était la firme Enron,
à l'origine de l'un des scandales majeurs financiers de l'époque.
- George W. Bush disposait de 193.088 .650 $, soit 106% du budget cumulé des 4 autres candidats réunis, ou 51% de la totalité des fonds engagés dans les élections présidentielles.
- Al Gore 132.804.039 $.
- Pat Buchanan 38. 806.146 $.
- Ralph Nader 8 .433 .778 $.
- Harry Browne 2.131.301 $.
De
plus le soutien de Bush père n'est pas à négliger car son
expérience est unique dans les domaines du renseignement, de la
politique ou des affaires. Rappelons que Bush père a été
ambassadeur des États-Unis à l'ONU de 1971 à 1973, ambassadeur
« envoyé spécial »
des États-Unis en République populaire de Chine de 1974 à 1975,
ancien directeur de la CIA de 1976 à 1977, ancien vice-président
des États-Unis de 1980 à 1988, président des États-Unis de 1989 à
1992, et un businessman averti avec le Groupe
Carlyle entre autres. A partir du mois
de septembre 2000, le père de W. Bush a parcouru les états indécis
pour promouvoir l'image de son fils. Un autre membre de la famille a
joué un rôle central dans la consécration de W. Bush, c'est son
frère Jeb Bush, alors gouverneur de l'état de Floride, et qui
s'avéra être un atout décisif dans la tournure de ces élections.
A
cette époque, la population américaine comptait 282 millions
d'habitants pour 203
millions
de citoyens américains dont 12% d'afro-américains.
Le 7 novembre 2000, jour des
élections, plus de 105
millions d'américains se sont
rendus aux urnes pour élire le 43ème
président. Le taux d'abstention a été de 48,7%, faisant des
États-Unis une piètre démocratie en terme de participation
citoyenne, conséquence directe de leur système électorale basé
sur la démographie et non sur le principe du suffrage exprimé :
un citoyen = une voix. En comparaison, pour la France, le taux
d'abstention pour les élections présidentielles 2017 a été de
26%. Selon un rapport de la chaîne CBS,
ce sont 2 millions de bulletins de vote qui n'ont pas été
comptabilisé à travers tout le pays.
Le
soir des élections, contre toute attente, il a été impossible de
désigner le nom du vainqueur. L'Amérique s'endormait quelque peu
confuse, sans connaître le visage de son futur président. Les
spécialistes des médias nous informaient que le dénouement des
élections se déroulerait dans le « swing
state » de Floride. Pendant
quelques heures, Al Gore fut seul en tête, aussi bien avec le vote
populaire qu'en terme de Grands électeurs mais bientôt la situation
allait changer...
La
magie Fox News, W. Bush is the winner !
Le
8 novembre, très tôt (2h16), Fox News
Channel psalmodiait la victoire de
George W.Bush dans l'état pivot de Floride avec une avance de 50.000
votes alors qu'il restait encore environ
179.000
votes à comptabiliser. Nous apprendrons par la suite que cette
donnée était inexacte puisqu'il restait encore 359.000 votes à
décompter. Sur la base de l'expertise de John P. Ellis, et avec
l'accord du vice-président de la chaîne John Moody, le présentateur
de Fox News Channel,
Brit Hume, relayait cette information biaisée. Grâce à cette
annonce le clan Bush portait un coup quasi létale aux démocrates.
Quelques minutes après, sous la pression du direct, les autres
chaînes de télévision, NBC, CBS, CNN
et ABC,
emboîtèrent le pas de Fox News
Channel. Pendant ce très court laps de
temps Al Gore avait concédé la victoire à W. Bush par téléphone.
Cependant, il se rétracta rapidement en apprenant que l'état de
Floride avait été remporté par le candidat républicain avec moins
de 6.000 votes, une marge inférieure à celle prévue par la loi
dans l'état de Floride (<0,5%). Mais la manipulation du camp W.
Bush avait déjà semé les graines de sa future victoire dans
l'esprit de l'opinion publique américaine. Le camp Al Gore se
trouvait dans une impasse pouvant causer plus de dommages à l'image
de la démocratie américaine, transformant ces élections en un
cirque juridique, au lieu de s'être contenté de concéder
définitivement leur défaite au camp républicain.
Moins
d'une heure après la première annonce de Fox
News Channel, W. Bush avait perdu toute
son avance, il ne menait plus que d'une courte tête avec 6.000
votes. Peu après les médias revenaient sur leur précédente
déclaration. Ces élections devenaient pour le moins rocambolesques
et le rôle des médias était extrêmement partisan envers W. Bush.
Finalement, dans la matinée,
les résultats laissaient apparaître W.
Bush avec une avance de 1.784 votes d'avance sur Al Gore.
Le
cousin paternel de W. Bush et de Jeb Bush, John Prescott Ellis,
travaillait chez Fox News Channel au moment de ces élections.
Il était le responsable de l'équipe couvrant le scrutin
présidentiel pour la chaîne Fox News.
Il
avait un accès en direct à l'évolution des sondages sur les écrans
de contrôle et disposait de tous les outils nécessaires pour
observer les variations, les projections, les écarts entre les deux
candidats.
Cette
nuit là, John Ellis a entretenu plusieurs conversations
téléphoniques avec ses deux cousins, W. Bush et Jeb Bush, en
relation directe avec les données qu'il collectait via son bureau de
Fox News Channel.
Cette posture professionnelle était en violation de la clause de
confidentialité fixée par le contrat liant Fox
News à Voter
News Service (VNS). VNS
était le consortium
responsable de fournir les résultats des sondages aux chaînes de
télévision (Fox, ABC, CNN, NBC et CBS). Début 2003, VNS
était démantelé et remplacé par le National
Election Pool (NEP). Aux
premières loges, John Ellis avait pu observer l'avance de cousin
Dubya (W. Bush) s'évaporer juste avant leur premier contact
téléphonique. Cette information diffusée par une chaîne
pro-républicaine résonna comme le générique de fin d'une
super-production américaine. Un effet trompeur mais qui s'insinua et
s'affirma dans l'esprit des citoyens américains comme une vérité,
celle de leur première impression. George W. Bush était déjà le
président des États-Unis dans l'imagerie collective. L'atout John
Ellis avait été abattu d'une main de maître par le clan Bush
installant le camp Al Gore dans le rôle de l'empêcheur de tourner
en rond. Le député Henry
Waxman (D-CA)
déclarait à propos de la couverture médiatique des présidentielles
2000 : « Parmi
tous les événements qui se sont déroulés pendant cette nuit
d'élection, c'est celui qui a eu l'impact le plus prédominant. Il a
créé la présomption que George Bush avait remporté les
élections ».
John
Ellis a été engagé par Roger Ailes, président de Fox
News Channel depuis 1996. Ce dernier a
participé à la campagne présidentielle de Bush père en réalisant
un spot publicitaire polémique (Revolving
Door : histoire de Willie Horton)
contre
le candidat démocrate Michael Dukakis. Son rôle de consultant pour
les médias a permis à Roger Ailes de développer des affinités
avec les présidents Nixon, Reagan et Bush père. Cependant, en
2016, il a été contrait de démissionner de la chaîne qu'il avait
contribué créé suites à diverses accusations de harcèlement
émanant de ses employées. Nous pouvons considérer que la chaîne
française BFMTV de Patrick Drahi s'est largement inspiré de son
homologue Fox News Channel pour
s'installer durablement en France comme la chaîne de référence
informative en continu.
En
engageant les services de John Ellis, Roger Ailes a délibérément
contrevenu à la déontologie du journalisme. Peu avant, John Ellis
avait lui-même démissionné du Boston Globe
car sa loyauté envers sa famille était plus importante que celle à
l'égard de sa profession. Au mois de juillet 1999, il avait
réaffirmé ses engagements envers sa famille et tenu ces propos :
« I am loyal to my
cousin.... I put
that loyalty ahead of my loyalty to anyone else outside my immediate
family. That being the case, it
is not possible for me to continue writing columns about the 2000
presidential campaign ».
Malgré cette posture
professionnelle, cela n'a pas empêché Roger Ailes de recruter John
Ellis pour gérer l'élection présidentielle impliquant l'un de ses
cousins paternels.
Toutes
les professions, le journalisme n'y échappe pas, sont régies par un
code de déontologie ou une éthique professionnelle.
Pour le domaine journalistique, il s'agit de la Charte
de Munich sur les devoirs et les droits des journalistes, dont
voici un extrait du préambule :
« Le
droit à l’information, à la libre expression et à la critique
est une des libertés fondamentales de tout être humain ».
« Ce
droit du public de connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes ».
« La
responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime
toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de
leurs employeurs et des pouvoirs publics ».
« La
mission d’information comporte nécessairement des limites que
les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est
l’objet de la déclaration des devoirs formulés ici ».
La
démission de John Ellis du Boston
Globe en
vue des élections présidentielles 2000, accompagnée par une
justification pleine de bon sens, prouvait qu'il savait ce qu
signifiait la notion déontologie professionnelle. Alors pourquoi a
t-il agi sans l'once d'un scrupule durant les élections 2000,
privilégiant ses intérêts personnels à ceux de la nation? Au
regard des événements, à postériori, il faut sans doute
interpréter sa démission du Boston
Globe comme une mise en scène. Et que dire au sujet de la complicité des
dirigeants de Fox News, incluant John Moody, Roger Ailes et Rupert
Murdoch?
Matthew Freud, fils de Clément Freud et arrière petit-fils de Sigmund Freud, est en filiation directe avec Edward Bernays, neveu par alliance de Sigmund Freud et reconnu comme étant le pionner « des relations publiques », autrement dit la propagande politique, le conditionnement des masses ayant pour finalité la fabrique du consentement de l'opinion publique. Matthew Freud exerce la même activité que feu Edward Bernays, il a d'ailleurs racheté la société d'Edward Bernays via Freud Communications. Il a été marié à la fille de Rupert Murdoch, Elizabeth Murdoch, le magnat des médias aux Etats-Unis via News Corporation, la maison mère de la chaîne Fox News. Ils s'étaient connus en 1997. Grâce à cette union, Rupert Murdoch a pu accéder à l'antre de la psychanalyse et de la propagande à travers Freud et Bernays.
Jeb
Bush, quant à lui, commença à agir dès le début de l'année 2000
en supprimant presque la totalité du programme de discrimination
positive de Floride ce qui entraîna des manifestations de la
communauté noire dans la
capitale de la Floride, à Tallahassee, au mois de mars 2000. Le
manque ou l'inexistence de financement destiné à encourager les
superviseurs des élections de Floride afin de fournir à tous leurs
concitoyens les compétences nécessaires pour accomplir leur devoir
est manifeste. Jeb Bush a investi $0 pour la formation civique de ses citoyens alors qu'il
avait dépensait plus de 3 millions de dollars pour obtenir une purge
des listes électorales de la Database
Technologies (DBT) afin
d'offrir la présidence à son grand-frère. Cynthia
Talkov, l'une des membre appartenant à l'équipe chargée des
élections sur Fox
News,
a confirmé que John Ellis a reçu le feu vert de la part de Jeb
Bush.
L'affaire
des « butterfly ballots », Palm Beach, FL
Avec
moins de 2.000 voix d'écart, le vote dans l'état de Floride ne
pouvait être validé. En cas de litige, la loi en Floride, variant
selon les états, préconisait le recomptage automatique des votes si
la marge d'erreur était inférieure au seuil de 0,5%. Si tel était
le cas, le recomptage automatique
devait s'effectuer dans les 67 comtés
de l'état de Floride. Ainsi lorsque le
camp démocrate s'était rendu compte de cette situation, Al Gore
décida de rappeler W. Bush pour lui faire savoir que « les
circonstances ont changé depuis notre dernier échange », et
les procédures de recomptage
automatique commencèrent.
Les
premières anomalies autour de ces élections commencèrent à fuiter
avec l'affaire des 19 000 « butterfly
ballot » dans le comté de Palm
Beach. Des bulletins de vote qui ont été déclarés nuls ou
comptabilisés par erreur pour le mauvais candidat ; Pat
Buchanan au lieu du candidat républicain Al Gore. Paradoxalement,
ces bulletins étaient conçus de telle manière que le vote pour le
candidat républicain ne pouvait être la cible d'aucune
erreur. C'était la première affaire
de ces élections, celle des « bulletins
papillons ». Les électeurs de
Palm Beach décidèrent de réclamer la tenue d'un autre scrutin dans
leur comté à cause de la complexité du bulletin de vote. La
difficulté, ou plutôt la subtilité de ce bulletin, résidait en sa
présentation trompeuse qui perturba un certain nombre d'américains.
Or
la machine de comptage avait deux solutions, comptabiliser un vote ou
le considérer comme nul. En effet, deux marques sur un même
bulletin étaient analysées par les machines comme un vote nul. Le
citoyen américain se rendant parfois compte de son erreur décidait,
après le premier poinçon, de poinçonner une seconde fois afin de
valider correctement son vote. Résultat, la machine validait parfois
un vote Buchanan au lieu d'une intention pour Al Gore et parfois un
vote nul pour la présence de deux poinçons. En conséquence, le
candidat démocrate Al Gore a clairement été lésé par cette
présentation peu clairvoyante du bulletin de vote. Pat Buchanan a
reconnu le manque de clarté des bulletins, pouvant engendrer des
erreurs à la fois humaine et technique. Il admettait même qu'une
partie de ses votes auraient dû être attribué à Al Gore.
Le
9 Novembre, la plupart des médias donnèrent des résultats
préliminaires, tout en se préservant cette fois-ci de se prononcer
sur l'identité d'un potentiel vainqueur. Ce jour-là, le camp
démocrate demanda un recomptage manuel dans 4 comtés à
majorité démocrate : Miami Dade, Broward, Volusia et Palm
Beach. De plus, les résultats ne pouvaient être que partiels
puisque les bulletins de vote des citoyens américains stationnés à
l'étranger n'avaient pas été encore pris en compte, la date butoir
étant fixé au 17 Novembre. Cela représentait environ 2.000
bulletins et ce n'était pas négligeable étant donné la crise
démocratique que traversait les États-Unis Le 10 Novembre, le
décompte automatique des votes dans l'état de Floride arrivait à
son terme et l'avance de W. Bush avait chuté à 327 votes !
Décidément, plus que jamais la valeur des 2.000 bulletins étrangers
pouvaient s'avérer déterminante.
Puis
le décompte manuel commença dans les comtés réclamés par le camp
démocrate. Le 13 Novembre, la secrétaire d’État de la Floride,
Katherine Harris, confirmait la date pour la clôture du décompte
manuel des votes au 14 Novembre, date après laquelle plus aucun vote
ne serait comptabilisé. Le lendemain, le comté de Palm Beach
reprenait son comptage manuel malgré le peu de temps qu'il leur
était imparti. Katherine Harris
faisait appel de cette décision devant la Cour Suprême de Floride,
elle rejetait son injonction. Les comtés de Palm Beach et de Broward
pouvaient poursuivre le décompte manuel des votes. En date du
16 Novembre, on dénombrait environ 27
affaires en cours de jugement, du jamais vu, ces élections
présidentielles étaient le théâtre d'une véritable crise
constitutionnelle. Le rôle et les droits du citoyen étaient
relégués au second plan, aux antipodes de la démocratie. De
nombreuses procédures eurent lieues devant différentes cours de
justice :
- la 11ème Cour d'Appel des USA à Atlanta.
- la Cour Suprême de l'Etat de Floride.
- la Cour Suprême des États-Unis, représentant la plus haute juridiction du pays.
Le
19 novembre 2000,
un mouvement contestataire, fomenté par des activistes à la solde
des républicains, s'était constitué afin d'enrayer le recomptage
manuel des votes dans le comté de Miami-Dade. La plus célèbre
station de radio hispanique, Radio
Mambi, avait appelé les
cubano-américains à protester contre le recomptage des votes.
« Nous essayons
d'arrêter le recomptage ; Bush a déjà gagné »,
déclarait Evilio Cepero, un reporter de Radio Mambi. « Nous
avons exhorté les gens à descendre dans la rue pour manifester et
protester contre cette injustice ».
Sur place, certains d'entre eux ont été identifié comme étant des
soutiens à la campagne présidentielle de W. Bush. Trois d'entre
eux, Matt Schlapp, Garry Malphrus et Rory Cooper, ont d'ailleurs
connu une ascension politique et/ou professionnelle symptomatique de
leur implication. La foule aurait atteint environ 150 personnes. Cet
événement s'est déroulé au centre de dépouillement du comté de
Miami-Dade et fut baptisé le « Brook
Brothers riot »
par les médias.
La
Cour Suprême nomme W. Bush président des Etats-Unis
Finalement,
le 26 Novembre, la secrétaire de l'Etat de Floride, Katherine
Harris déclarait Bush grand gagnant de la Floride. Dans la foulée,
le gouverneur Jeb Bush homologuait le résultat, W.Bush
avait officiellement 537 votes d'avance sur 6 millions de suffrage
exprimé en Floride. Pendant ce temps là, les avocats des camps
démocrates et républicains se livraient une lutte juridique sans
merci, nous laissant spectateur d'un invraisemblable feuilleton dans
lequel la démocratie américaine a été bafoué. En réalité W.
Bush a été élu président des États-Unis au nombre de cinq voix,
celles des cinq juges de la Cour Suprême, ceux-là même qui ont été
désignés par des anciens présidents dévoués aux républicains.
William Rehnquist, Antonin Scalia, Clarence Thomas, Anthony Kennedy
et Sandra Day O’Connor sont les juges qui ont changé le destin des
États-Unis et du monde.
Janet
Rehnquist, fille de William Rehnquist, a été engagé par W. Bush au
poste d'Inspecteur Général du département d’État de la santé
et des services sociaux en 2001. Elle démissionnait en 2003, alors
sous le coup d'un audit mené par le GAO pour malversation, incluant
le retardement d'une investigation concernant un fonds de pension
basé en Floride. Plane encore ici l'ombre du gouverneur Jeb Bush. Le
président W. Bush renvoyait aussi la faveur au fils d'Antonin
Scalia, Eugene Scalia, pour un poste au département du Travail entre
2002 et 2003. Deux juges de la Cour suprême ont ensuite été nommé
par W. Bush durant ses mandats, il s'agit de John Roberts, à la
place de William Rehnquist, et de Samuel A. Alito en remplacement de
Sandra Day O'Connor.
Le
12 Décembre 2000, la Cour Suprême
des États-Unis rendait son verdict,
le peuple américain allait enfin connaître officiellement le nom du
président. Dans un premier temps, la Cour procédait à l'annulation
du dernier décompte manuel (7 voix contre 2), invoquant l'absence
d'équité dans le processus de décompte des votes à travers les
différents comtés de Floride. L'existence de méthodes différentes
dans les bureaux de vote pour réaliser le décompte serait une
violation de la clause de « protection
égalitaire des processus électoraux »
du 14ème
amendement, par conséquent le comptage a été déclaré clos.
Lorsque nous savions que l'état de Floride utilisait 5 types de
procédés différents pour enregistrer et comptabiliser les votes,
il semblait prévisible d'avoir autant de moyens employés pour le
recomptage automatique ou manuel des votes. Ce qui était légalement
acceptable pour comptabiliser les votes ne l'était plus pour le
recomptage mais ce n'est pas tout. L'argument est fallacieux car il
aurait dû invalider bon nombre d'élections passées s'il devait
être appliqué puisqu'un objet ne possède pas de droit
constitutionnel, le processus de vote est à considérer comme
l'objet. En effet, la Cour ayant considéré le recomptage manuel des
votes comme une violation de la clause de « protection
égale » ;
par corrélation le comptage
automatique devenait lui aussi illégitime, rendant caduque toute
élection américaine. Le 14ème
amendement ne concerne t-il pas un sujet plutôt qu'un objet,
autrement dit un citoyen plutôt qu'une machine ou un processus de
recomptage ? La Cour Suprême des États-Unis a dévoyé le
14ème
amendement qui octroie une égalité des lois pour tous les citoyens
américains, non pas pour tous les processus de recomptage de vote.
Puis
la Cour rendit le verdict final que le monde entier trépignait de
découvrir, le président non élu par le peuple allait être nommé
par des juges. La Cour décida par 5
voix contre 4 que le « délai
pour le recompte des votes était dépassé »,
mettant ainsi un terme aux conflits juridiques. Une opinion toute
aussi discutable, acquise par la majorité d'une courte tête. Cette
unique voix à déterminer à elle seule l'avenir du peuple
américain, en cela aussi c'est fort critiquable puisque les juges
n'ont pas été unanime dans leur décision.
La Cour, en vertu de l'arrêt Bush
v. Gore, a offert le bureau ovale à
George Walker Bush avec 537 voix d'avance, soit 0,009% de l'électorat
de Floride, la plus petite différence constatée lors de ces
élections, largement en dessous de la limite autorisée par la loi
en Floride (0,5%). L'écart constaté était le même que celui
exprimé le 26 Novembre par Katherine Harris. Le 13 Décembre, Al
Gore reconnaissait officiellement la victoire du républicain Bush.
La
purge raciale via la Database Technologies DBT
Dans l'état de Floride, les personnes avec un casier judiciaire ne peuvent pas participer aux élections, cela concerne en majorité les afro-américains. Cette loi est un héritage de l'époque esclavagiste (1868), un état pouvait bannir des listes électorales toute personne ayant un casier judiciaire à moins que le gouverneur n'use de son droit de grâce. Cette loi visait implicitement les afro-américains qui, pendant l'esclavagisme, étaient la cible d'une répression policière plus stigmatisante que les blancs. La population afro-américaine était constituée de 12% de votant dans l'état de Floride dont 44% d'entre eux se sont retrouvés sur la liste de purge électorale. Sous la houlette de la secrétaire d’État en Floride, Katherine Harris, une purge des listes électorales a été entreprise. A son arrivée, en 1998, elle avait modifié le personnel de la cellule chargée de contrôler les élections (Division of Elections), désignant Clayton Roberts (octobre 1999-2002) comme nouveau responsable. Lui et un mandataire du bureau des élections, Emmett Mitchell IV, ont participé à une opération visant à purger les ex-délinquants des listes électorales.
Emmett
Mitchell IV quittait son poste, à la division des élections, peu
après l'élection de W. Bush pour poursuivre sa carrière d'avocat,
notamment en tant que conseiller du parti républicain (GOP) de
Floride. Il est à l'origine de l'écriture du House Bill 1355 pour
la Floride en 2011, une loi controversée touchant au processus
électoral. L'ascension de Clayton Roberts a été encore plus
fulgurante, avocat de formation, il est donc devenu responsable de la Division
of Elections juste
avant les élections présidentielles, il a ensuite exercé ses
talents aux cotés du procureur général de Floride, Charlie Crist,
qui succéda lui-même à Jeb Bush au poste de Gouverneur de Floride
en 2007. Cette année là, Clayton Roberts devenait membre de la First
District Court of Appeal, la plus haute juridiction dans l'Etat de Floride.
Synthèse
Database
Technologies
Division
of Elections (Roberts, Mitchell)
Secrétaire
d’État de la Floride : Katherine Harris
Gouverneur
de la Floride : Jeb Bush
Candidat
du GOP à l'élection présidentielle : George W. Bush
La
loi spécifique à l'état de Floride prévoyait la suppression des
listes électorales de tous les délinquants mais aussi des
ex-délinquants. La Floride appartenait au cercle fermé des quatorze
états américains ayant conservé cette position vis-à-vis des
criminels. La réhabilitation des droits civiques est loin de
ressembler à une sinécure pour ces citoyens américains. Les
républicains se sont appuyés sur cette faille du système pour
émousser l'électorat de Floride et diminuer l'impact du suffrage
électoral dont pouvait bénéficier les démocrates.
Les
auditions de la Commission
américaine des droits civiques ont mis à jour une discrimination en
rupture avec la loi américaine du Voting
Rights Act (1965). Les rôles de Jeb
Bush, Katherine Harris et d'autres républicains, sont clairement
établis. Ils ont œuvré ensemble pour gérer l'avance acquise par
leur parti. L'épisode
DBT a été l'un des rouages fondamentaux de la stratégie
républicaine pour offrir l'état de Floride à W. Bush au regard de
la marge de 537 votes. Mais
d'autres dysfonctionnements témoignant d'un
laxisme ou d'une intention d'altérer le processus démocratique dans
l'état de Floride ont été relevé par la
Commission américaine des droits civiques :
- Au moins un point de contrôle de police non autorisé a été installé le jour de l’élection près d’un bureau de vote pour intimider les électeurs.
- Des citoyens n'ayant commis aucun crime ont été radié des listes, conséquence de la politique de purge commanditée par Jeb Bush et Katherine Harris via la liste DBT.
- Quelques bureaux de vote ont fermé avant l'horaire prévu ou ont tout simplement été déplacé sans avertissement préalable.
- De nombreux électeurs haïtiens et portoricains n'ont pas bénéficié de l'assistance linguistique requise.
- Les personnes souffrant d'incapacités motrices ont été confrontées à des difficultés d'accessibilités dans certains bureaux de vote.
- Le matériel nécessaire au vote qui se trouvait dans les quartiers pauvres était obsolète et défectueux.
- Peu de citoyens du milieu ouvrier ont pu être formé car les fonds investis par Jeb Bush en Floride étaient trop inexistant.
A
toutes ces péripéties, venaient se greffer un système électoral
complexe et hétérogène, n'offrant aucune réelle garantie,
autorisant les erreurs et toutes les manipulations. Il existait 5
types de procédés différents pour voter en Floride. De plus, la
fiabilité des machines de comptage automatique des votes n'est pas
fiable à 100%. Une loi au Texas, créée par Bush père alors
gouverneur du Texas à l'époque, conseille de recourir à un
comptage manuel en cas de litige car il est considéré comme plus
fiable. Pour tenter de résoudre ce problème, une nouvelle loi fut
adoptée le 29 Octobre 2002 afin d'éviter une fraude électorale. Le
Help America Vote Act (HAVA) vise à garantir le remplacement
et l'uniformisation dans tous les états, des équipements désuets
par un matériel accessible et fiable, créant de facto une nouvelle
agence au sein du gouvernement américain : Election Assistance
Commission (EAC). Le HAVA débloquait la somme de $3,5 milliards pour
la cellule EAC, ouvrant les portes à un nouveau marché pour
l'acquisition d'un système de vote. Les avis divergent sur l'utilité
de l'EAC, jugé lent, inefficace voire outrepassant leurs
attributions.
Clayton
Roberts et Emmett Mitchell IV ont fait plusieurs appels d'offre pour
déléguer ce travail à une société. Finalement cette
tâche a été confié à une entreprise privée, la Database
Technologies (DBT). Le montant de la transaction s'élève à $3,2 millions. La
DBT a compilé une liste de 173.127
personnes identifiées comme potentiellement inéligibles, comprenant
des homonymes, des morts, des ex-délinquants, dont 57.746 étaient
des criminels. Cette liste a été ensuite transmise aux superviseurs
des 67 comtés par l'intermédiaire du département d’État de
Floride. Des lettres ont ensuite été écrites par les superviseurs
des élections et adressées aux personnes identifiées sur la liste
fournie par DBT pour « vérifications ». Ion Sancho, un superviseur dans le comté de Leon, a rédigé un courrier
de ce type :
« Votre
identité a été transmise à notre bureau des élections de
Floride, s'inscrivant dans une liste d'électeurs n'ayant pas rétabli
leur droit de vote pour avoir prétendument été reconnus coupables
d'un crime. Nous
ne connaissons pas la fiabilité de cette liste.
Nos services ont été requis pour supprimer de la liste électorale
les personnes ayant été reconnu coupable d'un crime et dont les
droits de vote n'ont pas été restauré ».
Les
personnes destinataires de cette lettre avait l'obligation de prouver
leur innocence en remplissant un formulaire, dans les 30 jours à
réception de la présente lettre, au risque de voir leur nom
supprimer des listes électorales.
Les
prérogatives du contrat entre par la DBT et la Division of Elections
de Floride étaient de ratisser large en augmentant les critères de
sélection, l'exactitude des résultats n'était pas essentielle pour
les républicains. Or, il est avéré, depuis la Commission
américaine des droits civiques qui s'est réunit à plusieurs
reprises entre les mois de janvier et février 2001 en Floride, que
la communauté afro-américaine avait « 10
fois plus de chance que les citoyens blancs »
de se voir interdire le droit de vote.
La purge de la DBT commanditée par le Gouverneur de Floride, Jeb
Bush, violait à la fois la section 2 du VRA, une partie de la
section 2 du 14ème amendement de la constitution et le principe même du 15ème amendement de la
constitution américaine :
« Le
droit de vote des citoyens des États-Unis ne sera dénié ou limité
par les États-Unis, ou par aucun État, pour des raisons de race,
couleur, ou de condition antérieure de servitude ».
La DBT a été
un instrument supplémentaire dans l'arsenal républicain pour leur
permettre de remporter ces élections présidentielles, avec
l'assentiment de Katherine Harris et du gouverneur Jeb Bush. Les
gesticulations de Katherine Harris lui ont permis d'obtenir un siège
au Congrès américain, après son élection à la chambre des
Représentants entre 2003 et 2007 dans le 13ème
district de Floride. Par un heureux hasard, les profils visés
par cette purge électorale concernaient majoritairement des citoyens
américains susceptibles de voter pour un candidat démocrate, comme
les pauvres, les ex-délinquants, les latinos ou encore les noirs.
Une circonstance toujours favorable à l'intérêt d'un seule homme,
George W. Bush, tout comme l'annonce prématurée de sa victoire par
Fox News Channel.
La
Database Technologies a.k.a Autrotrack a.k.a Accurint
a.k.a MATRIX
Que savons
nous de la DBT, de sa courte histoire, et qui est son créateur ?
Hank Asher, âgé de 61 ans, est mort paisiblement à son domicile en
2013. Le cerveau de la DBT était un citoyen américain reconnu en
tant qu'inventeur, entrepreneur, philanthrope et affublé du titre
symbolique de « père de la data fusion » (fusion
de données). A titre d'exemple le concept du moteur de recherche
Google est basé sur de la data fusion mais Hank Asher était
AVANT Google, c'est en cela qu'il est particulier.
Hank Asher a
été un précurseur, un pionner en matière de cyber-investigation,
il est le concepteur d'un programme informatique tout droit sorti
d'un univers de science fiction tel Minority Report. Hank
Asher a employé la technologie Clarion, un langage informatique
utilisé pour les interfaces de Windows. L'un de ses collaborateurs,
Bruce Barrington, n'est autre que l'inventeur de Clarion. Depuis 40
ans nous connaissons l'essor d'internet, un accès rapide, avec un
clic, à n'importe quelle information. L'être humain n'en est pas
encore revenu, il n'a absolument pas dompté ni compris à quoi
pouvait bien lui servir l'outil le plus puissant créé par l'homme :
internet. Aujourd'hui, au XXIe siècle, imaginez-vous une plate-forme
informatique permettant de résoudre des affaires criminelles ou
d'enlèvements. Un outil assez puissant pour accéder directement à
toutes les données personnelles concernant un individu, permettant
sa localisation immédiate s'il figure dans la base de données. Le
programme Autotrack a fait ses preuves entre les mains de son
créateur. Hank Asher était capable de trouver n'importe quel
individu à partir de sa machine, une information anodine pouvait
suffire, nationalité, âge, sexe, taille, couleur de peau,
profession, modèle de voiture, coordonnées téléphoniques... Quand
Google cherche des informations, le programme Autotrack
cherche des êtres humains.
Autotrack
n'est pas une intelligence artificielle mais un moteur de recherche
ultra puissant capable de compiler et comparer une quantité
innombrable de données afin de trouver une information avec une
rapidité sidérante. Hank Asher est un pionner en la matière, il
est à l'origine de trois projets, Autotrack avec DBT (1992),
Accurint (aka MATRIX) avec Seisint (1998) et The Last One
(TLO 2003), tous des outils ultra puissants destinés à rechercher,
identifier et localiser un individu. Pour information le projet
Google datait de 1996, il n'a que 21 ans d'existence tout
comme le réseau internet qui balbutiait fin des années 1990.
Durant
les années 1980, Hank Asher a été accusé de trafic de cocaïne,
il était devenu passeur de drogue de manière fortuite et quelque
peu contraint par un contexte particulier, celui des Bahamas. Cela
dura quelques mois entre les années 1981 et 1982. Durant les années
80, les îles du Bahamas était un lieu de transit pour le trafic de
drogue entre les États-Unis et la Colombie. A cette époque vivre au
Bahamas c'était prendre le risque d'être embarqué dans le lucratif
business du trafic de drogue. Le fait de posséder un bateau ou un
avion augmentait encore plus les opportunités de devenir un passeur
de drogue. Mais pour éviter toute poursuite judiciaire, Hank Asher
concluait un marché avec la DEA grâce à son ami avocat Lee Bailey.
Un illustre avocat américain ayant participé à la défense de
grands criminels comme Sam Sheppard, le Capitaine Ernest Medina,
concerné par le massacre de My Lai au Vietnam, ou encore O.J.
Simpson. Tous coupables mais libérés tel était le talent de Lee
Bailey.
Le
parcours d'Hank Asher est atypique, certains événements de la vie
l'ont visiblement poussé à vouloir créer un procédé capable de
mettre hors d'état de nuire très rapidement des criminels ou de
retrouver des enfants disparus. En 1981 l'enlèvement d'Adam Walsh à
Hollywood, dans le comté de Broward en Floride, aurait stimulé
l'esprit inventif de Hank Asher. Peu après la disparition tragique de son jeune fils, John
Walsh, proche d'Hank Asher, a créé en 1981 une organisation à but
non lucratif. Grâce à son activisme il est devenu une source
d'inspiration pour la promulgation de plusieurs lois dans le domaine
de la protection de l'enfance aux Etats-Unis. John
Walsh a également été le présentateur de l'émission America's
ost Wanted pendant 24 ans, une émission d'investigation sur la chaîne de
télévision Fox.
En 1984 il contribua à la création d'une organisation à but non
lucratif pour les enfants disparus, abusés et exploités, appelée
le National
Center for Missing & Exploited Children (NCMEC), avec l'appui du président Ronald Reagan. En 1990 la NCMEC fusionnait
avec la première association de John Walsh et de sa femme.
La NCMEC a réussi à retrouver 208.000 enfants disparus en 31 années
d'existence. A partir de 1992, l'une des premières utilisations pratiques d'Autotrack a été pour le NCMEC. Hank Asher a offert gratuitement sa création
au NCMEC, un outil dont 99% des services de police n'étaient pas
équipés. Ernie
Allen, co-fondateur et président pendant plus de 20 ans du NCMEC,
expliquait qu'à cette époque les 18.000 services de police fédérale
ne communiquaient pas entre eux ; ajouté à ce constat un pays
composé de 50 états qui agissent indépendamment. Selon Ernie
Allen, 109 enfants disparus ont pu être retrouvé entre 1996 et 2004
grâce au système Autotrack.
La réputation et l'efficacité de la technologie de DBT n'était
plus à démontrer.
Hank Asher
devait quitter la DBT fin 1998, le FBI et la DEA n'ayant pas
renouvelé leur contrat. Ajouté à cela une campagne de
déstabilisation harassante visant sa probité, son intégrité et
ses compétences. Hank Asher céda ses parts détenues dans la DBT
pour un montant de 147 millions de dollars en 1999. Kenneth Langone,
un financier de Wall Street, avait acquis la DBT et la technologie
Autotrack via ChoicePoint, une société dont il était
co-fondateur et dirigeant. Kenneth Langone a probablement été l'un
des responsables de l'éviction de Hank Asher.
Pendant
les épisodes judiciaires qui l'opposaient à Kenneth Langone, pour
un prétendu vol de technologie,
Hank Asher se gaussait des bassesses de l'émissaire de la finance
car le cerveau c'était lui. Le schéma se répéta pour chacune des
sociétés de Hank Asher mais il avait toujours un clic d'avance, en
créant d'autres sociétés dans lesquelles il perfectionnait son
concept d'origine : Autotrack.
Il comparait, non sans malice, la puissance d'Autotrack
et de son dernier produit Accurint,
rappelant que le premier était né en 1992. Sa société Seisint
a été vendu en 2004 à LexisNexis pour 775 millions de
dollars.
La société Seisint créée en 1998 par Hank Asher a compté parmi son conseil d'administration des membres tels que Bill Shrewsbury, ancien agent des forces de police de l'Etat de Floride (FDLE), James Milford, agent de la DEA, Brian Stafford, chef des services secrets du département de la sécurité intérieure des États-Unis, et Bruce Barrington, l'inventeur du langage informatique Clarion. Hank Asher démissionna de Seisint au mois d'août 2003 après que des révélations sur son passé de « trafiquant de drogue » eut été diffusé pour le discréditer. Pourtant Hank Asher était aussi et surtout l'architecte d'une technologie grâce à laquelle le NCMEC a retrouvé 109 enfants disparus. Certains esprits malveillants s'acharnaient à faire de Hank Asher un vulgaire trafiquant de drogue, un usurpateur, alors qu'il avait un esprit affûté, doté d'altruisme, luttant contre la pédopornographie...
MATRIX
l'ultime prouesse technique
Parmi
les clients d'Hank Asher nous retrouvons les forces de police
fédérales de Floride, les agences de renseignements US, Interpol, Scotland-Yard ou encore la Gendarmerie Royale du Canada. En
1993 Hank Asher entamait une collaboration avec les forces de police
fédérale de l'état de Floride (FDLE), devenant proche du patron,
James T. Moore, celui-là même qui le présenta
à Jeb Bush. Hank
Asher avait logiquement fini par attiser la curiosité et l'intérêt
de hauts officiels américains. Et le 24 Janvier 2003, lors d'un
meeting à la Maison-Blanche, il rencontrait le vice-président Dick
Cheney, le directeur du FBI Robert Mueller et Tom Ridge, directeur du
département de la Sécurité intérieure des États-Unis C'est le
gouverneur Jeb Bush qui introduisit Hank Asher à ses hôtes. Il
fascinait le profane, même le vice-président des États-Unis, par
son esprit novateur et sa capacité à rendre l'impossible possible.
Il exposa en détail les capacités de sa machine MATRIX (Multistate
Anti-Terrorism Information Exchange Program).
Quelques mois après cette rencontre Tom Ridge annonçait un accord
pour un essai de la technologie MATRIX sur une période de 1 an, coût
de l'opération 12 millions de dollars = $8 millions (HHS) + $4
millions (DoJ). Brian Stafford, chef des services secrets de la
sécurité intérieure HHS, notamment responsable de la sécurité de
George W.Bush et de son entourage, qualifiait aussi la machine d'Hank
de « moteur de recherche ultra-rapide ».
Peu
après les attentats du 11 Septembre 2001 Hank Asher proposait ses
services au FBI afin d'identifier les pirates de l'air, il disait :« Vous
pouvez être accidentellement le voisin de Mohammed Atta » mais « vous
ne pouvez pas être accidentellement le voisin de Mohammed Atta à deux reprises ».
Après quelques jours de programmation et d'intense recherche, Hank
Asher confiait au FBI une liste de 419 noms potentiellement impliqués
dans les attentats. Il avait paramétré sa machine de manière
intuitive et subtile : rechercher un musulman présent depuis 1
ou 2 ans sur le territoire américain. Ensuite il lui suffisait
d'affiner la recherche avec d'autres requêtes comme l'âge par
exemple. Le 16 septembre 2001 il réalisait une démonstration de sa
technologie en présence d'un agent spécial du FBI, incluant une
mise à jour de son système : le « facteur
terroriste à haut risque ».
C'est ce qui distinguait MATRIX de sa version commerciale Accurint.
Qui
êtes vous ? Qui fréquentez-vous ? Quel est votre
médecin ? Quel est votre avocat ? Comment dépensez-vous
votre argent ? Quelle est le modèle et la couleur de votre
véhicule ? Quelles sont les adresses où vous avez été
domicilié ou même hébergé ? Où es vous ? Et votre
famille, vos amis ? Aucune issue de secours, MATRIX is online !
Durant
l'automne 2002 les États-Unis ont été horrifié par la folie d'un
tireur qui sévissait dans les environs de Washington, tuant dix
personnes au hasard. Après avoir semé la terreur pendant plusieurs
mois, le dénommé John Allen Muhammad surnommé le « sniper de Washington » a été condamné puis exécuté en 2009. Il opérait à l'intérieur de son véhicule qu'il avait adapté en perçant un trou dans le
coffre, pour lui permettre de positionner son arme puis tirer sans
être repéré. Durant un long moment les forces de police ont
concentré leurs efforts à contrôler tous les van de couleur blanc,
identifié par des témoins comme étant le véhicule du sniper.
Puis, une autre piste émergea, l'identité du tueur pourrait être
celle d'un dénommé John Williams.
Voici
l'entrée en piste de la machine d'Hank Asher, elle avait répertorié
l'existence de 32.000 John Williams dans tous les États-Unis En
affinant la recherche à l'aide de MATRIX, les 32.000 résultats ont
été filtré à nouveau à travers des critères plus précis.
Soudain, à l'écran, un nom apparaissait : John Allen Muhammad
connu sous le nom de John Allen Williams. Tout était là, ses
données personnelles, les adresses de ses amis et associés, ainsi
que tous les endroits où il avait pu séjourné. Ils savaient où
l'attendre et où le trouver. Il leur fallait encore identifier son
véhicule. Un van blanc disait les témoins alors que MATRIX désigna
un Chevrolet Caprice de couleur bleue, avec le numéro de la plaque
minéralogique. Bingo ! Salvadore
Hernandez, qui était alors agent du FBI à Miami, confirma le rôle
important joué par MATRIX dans l'affaire du « sniper
de Washington »
La
DBT rachetée par ChoicePoint a été l'un des acteurs dans
trois événements majeurs :
- Les élections présidentielles 2000 via la purge des listes électorales.
- Sous l'impulsion des travaux d'Hank Asher, le gouvernement américain acquiert les technologies Autotrack et MATRIX.
- ChoicePoint a supervisé une partie des analyses ADN des victimes des attentats du 911 via sa filiale Bode Technologies. Cette compagnie a été acquise par ChoicePoint le 1er mai 2001
Ces quelques pièces de puzzle dessinent les contours d'un tableau très éclairant au prélude du 11 septembre 2001. Avant cela, il n'y avait alors aucune trace d'islamisme, assimilé au terrorisme, pour faire élire George Walker Bush.
Les
élections les plus controversées de l'histoire moderne américaine
auront duré 36 jours, tenant en haleine le monde entier, et rappelant à quel point
l'arrivée fracassante de W. Bush au pouvoir allait changer l'Histoire. Durant
ces 36 jours le camp républicain, ayant coopté l'état de Floride
par conflit d'intérêts, n'a pas été capable de démontrer une
volonté de transparence en permettant de procéder à un décompte
manuel des votes complet et dans la sérénité. Ainsi
le protocole présidentiel a suivi son cours, George
W. Bush prenait possession de ses nouveaux
bureaux à la Maison-Blanche, le 20 Janvier 2001, après avoir
effectué son discours d'investiture et prêté serment sur la sainte
Bible. Ce nouvel emploi, il le géra comme les précédents, à
l'instinct, en menant le pays à la faillite financière et au chaos.
Désormais
W. Bush pouvait s'atteler à la formation de son futur gouvernement.
Il était essentiellement composé de proches collaborateurs ayant
activement œuvré lors de sa campagne, d'anciens membres des
administrations Reagan ou Bush père, représentant indirectement les
intérêts de sociétés dans les télécommunications, tabac,
électronique, chimie, finance, automobile, pétrole, pharmaceutique,
énergie... La fameuse valse incessante de va-et-vient entre le monde
des affaires et celui de la politique. L'influence sur nos vies de ce
complexe mariage entre finance et politique est le nerf de la guerre,
le poison qui gangrène le pouvoir et notre société. La mission
d'un politicien est de représenter les citoyens et leurs intérêts,
non pas de défendre les intérêts de leur portefeuille et ceux de
la minorité opulente.
Dernière
connexion W. Bush / ChoicePoint/DBT / Richard Armitage
Richard
Armitage, nommé au poste de secrétaire d'Etat adjoint (2001-05), il a officié
pour les présidents Reagan et Bush comme diplomate et au département
de la Défense. Il a fondé en 1993 sa propre société, Armitage
Associates L.C., (aujourd'hui
Armitage International L.C.),
une firme proposant des conseils pour
le développement du commerce international des industries. En 2005 il devenait directeur de ManTech International Corporation
(2005), il y exerçait déjà en tant que consultant (1995-2001).
Cette société offre des services de technologies avancées au
gouvernement américain. Le 10 Mai 2006 Richard Armitage intégrait le conseil d'administration
de ConocoPhillips Co., le plus gros producteur indépendant de pétrole au monde.
Enfin
Richard Armitage a été membre du conseil d'administration de ChoicePoint aux côtés de Kenneth Langone entre 1993 et 2000. Son passage chez ChoicePoint/DBT, achevé en mars 2000, produit un effet de promiscuité assez
surprenant pour celui qui est devenu quelques mois après, secrétaire
d'Etat adjoint du président W. Bush... ; celui qui a fait la
guerre du Vietnam, celui qui était déjà impliqué dans le scandale
de l'Irangate dans les années 1980, celui qui a rendu publique dans
les médias la couverture de l'agent Valerie Plame Wilson (CIA) par
l'intermédiaire du journaliste Robert Novak, l'un de ceux qui a
rendu possible le discours à l'ONU relatif à l'existence d'armes de
destruction massive en Irak, un speech prononcé par son collègue et
supérieur, le secrétaire d'Etat Colin Powell.
A
l'opposé de la méritocratie W.Bush est un opportuniste qui a eu
recours à son patronyme pour se faire une place dans le milieu des
affaires et de la politique avant de devenir le 43ème
président des États-Unis. Loin d'être brillant, réfléchi ou de
posséder un talent d'orateur, George W. Bush a su se distinguer par
son caractère brut, affichant un air confiant, rassurant, et
déterminé à accomplir son devoir. Un symbole, au mieux une image,
car W. Bush n'a jamais possédé les qualités nécessaires pour
réussir en affaires ou en politiques sans être téléguidé
par son entourage et l'ombre de son père. Ainsi W. Bush était prêt
à parachever la tâche de son cher « Poppy »
puisque l'implication militaire américaine en Afghanistan et en Irak
remontait aux années 1980, la période Reagan/Bush. Le nouvel ordre
mondial est un thème qui a été introduit durant un discours
prononcé par George H.W. Bush lors de la guerre du Golfe, le 11
septembre 1990.
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Frank
D.
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